Au Pakistan, encore un chrétien arrêté en vertu des lois sur le blasphème

Au Pakistan, encore un chrétien arrêté en vertu des lois sur le blasphème

Chand Shamaun, un chrétien de 26 ans, a été arrêté par la police pour blasphème contre le Coran. Selon l'évêque d'une Église baptiste, il s'agirait d’une instrumentalisation par la police d’une dispute familiale. 

Une nouvelle brimade contre un chrétien au Pakistan. Dans le quartier chrétien du district d’Okara, dans la province du Penjab, à l’est du pays, la police a arrêté le jeune Chand Shamaun. 

La police a débarqué dans la nuit à son domicile alors qu'il dormait. Son frère aîné Zeeshan Shamaun a également été embarqué. 

Selon le témoignage de Younis Chauhan, présent dans la maison, la police aurait été mise au courant d’une profanation du Coran la veille au soir. En réalité, explique-t-il auprès de Morning Star News, Chand Shamaun et ses frères et sœurs se sont disputés sur une question d’héritage concernant la maison familiale. 

"Aucun blasphème n’a été commis", a assuré Younis Chauhan. Pourtant, la police ne l’a pas entendu de cette oreille, et a interpellé les deux frères. 

En arrivant avec une dizaine de véhicules de police, les forces de l’ordre ont effrayé les habitants chrétiens du quartier. Ces derniers ont craint le zèle de la police mais surtout les lynchages par des foules en colère dont sont victimes les chrétiens accusés de blasphème. 

La famille de Chand Shamaun, qui laisse une femme et deux enfants dans l’inquiétude de l’attente, est pour l'instant sans nouvelle de lui. Son frère Zeeshan est toujours en garde à vue. 

Pour Abraham Daniel, évêque de l'église baptiste de Sahiwal, la police aurait enregistré un faux rapport d'enquête contre le chrétien. Selon lui, les policiers assurent que Chand Shamaun "aurait commencé à crier qu'il brûlerait le Coran en raison de ses différends avec Zeeshan et sa sœur Zunaira, convertie à l'islam il y a quelque temps". 

Mais l’évêque estime que la police a transformé une dispute familiale en incident religieux, et assure qu’aucun blasphème n’a été commis. "Les fausses allégations et affaires de blasphème sont devenues la norme ici", a-t-il ajouté. 

Le Pakistan, classé 7e dans l'Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2024 de l'ONG Portes Ouvertes, serait l'un des endroits où il est le plus difficile de vivre en tant que chrétien. Le ministre de la défense lui-même, Khawaja Muhammad Asif, a récemment déclaré qu'il regrettait la recrudescence des incidents de violence collective à l'encontre des minorités religieuses au Pakistan.

"Les minorités sont assassinées tous les jours, c'est un sujet de préoccupation et d'embarras [pour la nation]", a-t-il poursuivi.

Le 25 mai 2024, une foule musulmane, composée de femmes et d'enfants, a battu à coups de pierres et de bâtons un chrétien de 74 ans, Nazeer Masih Gill, après qu'il ait été accusé d'avoir brûlé des pages du Coran. Il a succombé à ses blessures neuf jours plus tard, le 3 juin.

Jean-Benoît Harel

Crédit image : Shutterstock / Asianet-Pakistan

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